Lors de la Révolution française, le 6 mars 1792, une pétition de 300 citoyennes qui demandent à porter les armes comme les hommes. Ces bataillons féminins restent à l’état de projet. Ce n’est que le 30 avril 1793 qu’un décret prononce l’éviction de toutes les femmes de l’armée combattante « article 11 – Les femmes qui servent dans les armées sont exclues du service militaire. Il leur sera donné un passeport et 5 sous par lieu pour rejoindre leur domicile ». On trouve alors des Compagnies d’Amazones âgées de 18 à 50 ans.
Le 12 décembre 1793 (22 frimaire an II), un texte exclut définitivement les femmes des armées. Parmi les 27 femmes enrôlées en 1792 on peut citer :
Angélique Duchemin (42e de ligne) ;Veuve Brulon : « fille, sœur et femme de soldat, né en 1771 « au milieu des camps », cette dernière fut autorisée à servir après la mort de son mari en 1792, et ce jusqu’en 1799, quand, grièvement blessée, elle fut admise aux Invalides ; elle fut nommée sergent pendant ses campagnes, puis sous-lieutenant en 1822 et, à la fin de sa vie, reçut de Louis-Napoléon Bonaparte la croix de la Légion d’honneur et la médaille de Sainte-Hélène.
Félicité et Théophile Ferning (22 et 17 ans) A Valmy elles sauvent la vie d’un officier belge… L’aînée va se marier avec lui. A Jemmapes Félicité charge la bride entre les dents et le pistolet au poing. Elles ont un frère qui sera général d’Empire
Thérèse Figueur : Née en 1774 à Talmay (Côte-d’Or). Engagée dans la Légion des Allobroges (futur 15e dragons). Sert en Italie mais elle est faite prisonnière des Autrichiens (prince de Ligne). Sert à la Grande Armée en 1805 puis en Espagne en 1810. Prisonnière à Burgos en 1812 et envoyée en Angleterre, où elle fait la connaissance du général Lefèbre-Desnouettes. Mariée et décédée en 1861 à l’Hospice des Petits Ménages à Paris
Marie-Jeanne Schellinck :Né en 1757 à Gant (Belgique). Entrée au 2e bataillon belge en 1792, sergent en 1793. Sert à Marengo puis à la Grande Armée. Blessée à Austerlitz à la cuisse gauche. Pensionnée en 1808 et décorée de la Légion d’honneur par Napoléon le 20 juillet. Décédée en 1840 à Menin (Belgique). Elle est la première femme à avoir été décorée de la légion d’honneur. Malheureusement les archives de la Légion d’honneur qui étaient, avec celles de Paris à l’hôtel de Salm, furent détruites pendant les événements de 1870-1871.
Les différents travaux de recherches historiques ont dénombré 80 femmes soldats dans les diverses archives parlementaires, militaires, policières. C’est un chiffre minimum, elles furent certainement plus nombreuses.
Blanchisseuses, cantinières et vivandières
L’arrêté du 26 juillet 1800 (7 thermidor an VIII), portant que les enfants de troupe, autorise les corps à avoir à leur suite des vivandières et des blanchisseuses. Le nombre de ces femmes ne peut être porté, sous aucun prétexte, au-delà de 4 par bataillon et 2 par escadron, et par quartier-général d’armée ou quartier-général de division. Ce texte est confirmé le 11 octobre 1809 par un règlement et qui leur permet d’avoir un cheval de bât. Étant considérées comme non combattante, elles n’ont ni solde ni distribution mais seulement logement et pain. Le statut des vivandières sera régi par le règlement provisoire du 8 juin 1809.
Pour indiquer leur appartenance officielle dans les corps, elles portent une médaille réglementaire et un état désignatif de leur âge, profession et signalement. Ce sont souvent des femmes mariées à un soldat. Un ordre du jour, daté de Hambourg du 21 février 1812, indique dans son article 1er : Il y aura à la suite de chaque quartier général des corps d’armée un vivandier ayant un charriot, à quatre roues, attelé de trois chevaux et une blanchisseuse ayant un charriot de bât. Art. 2. Il y aura à la suite de chaque état-major des régiments d’infanterie, un vivandier ayant un charriot attelé de quatre chevaux et par bataillon deux vivandières et deux blanchisseuses ayant chacun un cheval de bât. Ils seront tenus de porter une plaque de forme ovale avec l’inscription » Grande Armée », corps, vivandier ou blanchisseuse, et le numéro d’enregistrement de leur patente. Les cantinières sont en quelque sorte les aubergistes de la troupe. Elles possèdent une patente visée par le commandant de gendarmerie. La cantinière du 33e d’infanterie aura un enfant, en Russie il sera nourri avec des glaçons de sang de cheval (Fézensac, Journal de campagne).
Enfin signalons les femmes de « petite vertu » dont l’activité entraine la création des hôpitaux pour vénériens, même en campagne. Malgré les sanctions infligées elles sont toujours aussi nombreuses à la suite des armées et diffusent des maladies alors très mal soignées.
Catherine POCHETAT
Née le 31 janvier 1770 à Époissotte (hameau d’Époisses). Fille d’André Pochetat, marguillier (administre les biens de la paroisse) à Époisses et de Françoise Le Nief. Le parrain est François Cordelier, chapelier et la marraine Catherine Vigneron ; le curé étant Mathieu.
Un passeport délivré par l’adjoint du Ministre de la Guerre en 1792, Xavier Audouin indique : taille de 5 pieds 2 pouces (1,68 mètre), yeux gris bleu, cheveux et sourcils châtains, nez pointu et petit, bouche petite, front couvert, visage plein.
Le fils du frère de Catherine vivait encore dans la maison des ancêtres en 1883.
Venue à Paris, mais on ne connait pas les raisons.
Participe à la prise de la Bastille le 14 juillet 1789
Enrôlée le 2 aout 1792 dans la Section des enfants rouges.
L’ancien hospice des Enfants-Rouges ou hôpital des Enfants-Rouges est, lors de sa fondation dans le deuxième tiers du XVIe siècle, le premier établissement spécialement et exclusivement destiné à l’accueil des enfants trouvés à Paris. Il devint une caserne en 1808. Il a donné son nom au quartier administratif des Enfants-Rouges du 3earrondissement, où il était situé à l’actuelle intersection de la rue Portefoin avec la rue des Archives.
Participe à la prise des Tuileries le 10 août 1792 en qualité de canonnière.
Elle sert ensuite sous les ordres du général Dumouriez.
Le maréchal de camp Dampierre certifia, le 8 décembre 1792, qu’elle s’était comportée « avec la plus grande distinction » comme canonnière aux affaires de Bossut et de Jemappes.
Elle revient à Paris après sa campagne puis repart pour Lille le 24 avril où elle arrive le 27 avec le grade de sous-lieutenant
Le 26 juin 1793 « La Convention nationale, après avoir entendu de son comité de guerre, duquel il résulte que Catherine Pochetat, jeune artiste, née dans le département de la Côte-d’Or, et domiciliée à Paris, section des Gravilliers, à donné des preuves éclatantes d’un courage héroïque et au-dessus de son sexe ; que, le 10 août, elle a dirigé les canons qui ont foudroyé la tyrannie ; que, depuis, elle a continué, sans interruption ses services dans les armées de la République ; qu’elle s’est signalée dans les journées de Bossut (en qualité de 1er servant de gauche / Pourvoyeur de la pièce / Dégorge la pièce et met l’étoupille), de Jemmapes (2e servant à droite), où elle a aidé le brave 71 régiment (Vivarais) à repousser celui de Cobourg ; qu’elle a reçu des blessures honorables et a eu son cheval tué sous elle (à la Montagne de Fer) ; qu’elle a obtenu par son intrépidité et sa bonne conduite le grade de sous-lieutenant (d’infanterie) dans le (2e) Légion des Ardennes ; déclare que Catherine Pochetat a bien mérité de la Patrie ; décrète, outre, qu’il lui sera payé une pension annuelle de 300 livres, qui commencera du premier de ce mois. »
Rendue à la vie civile après que la Convention ne rende un décret interdisant aux femmes de servir dans les armées (12 décembre 1793), elle rentre chez elle et ouvre un restaurant appelé « L’Héroïne française ». Mariée à Claude Dumas, exerçant la profession de débitant, au début de la rue de Belleville.
Elle va amasser une petite fortune dont trois maisons mais le mari survivant n’en laissa rien. Il laissa juste un petit carnet avec quelques informations à Jean-Eugène Hérold, neveu par sa mère de Catherine.
Elle y décède le 4 janvier 1828, boulevard des Couronnes.
Cf. Collection générale des décrets rendus par La Convention nationale. Juin 1793.
S.H.D 1 Yi 32
Professeur Alain Pigeard